Chlordécone : l’impact du pesticide sur le développement cognitif des enfants reconnu par des chercheurs | Image d'illustration. ©Freepik.

Chlordécone : l’impact du pesticide sur le développement cognitif des enfants reconnu par des chercheurs

L’étude des chercheurs internationaux et de l’Inserm, publiée le 27 février 2023, démontre l’impact de l’exposition pré et postnatale au chlordécone sur le développement cognitif et le comportement des enfants. Cette étude paraît quelques semaines après l’annonce du non-lieu dans l’enquête sur l'empoisonnement des Antilles au chlordécone.

Le pesticide, persistant dans l'environnement malgré l’arrêt de son utilisation il y a 30 ans en Martinique et en Guadeloupe, a toujours un impact sur notre santé et continue de contaminer les populations. C’est ce que prouve le rapport d’une équipe de recherche internationale et de l’Inserm publié le 27 février 2023.

L’étude menée auprès de 576 enfants de la cohorte mère-enfant Timoun en Guadeloupe âgés de 7 ans est formelle. L’exposition prénatale et postnatale au chlordécone a un impact sur le neurodéveloppement infantile. Afin d’évaluer les niveaux d’exposition pré- et postnataux des enfants au chlordécone, la concentration du pesticide a été mesurée dans le sang du cordon ombilical à la naissance et dans le sang des enfants.

L’exposition postnatale au chlordécone a été retrouvée associée à de moins bons scores estimant les capacités intellectuelles générales (diminution de 0,64 point de QI pour un doublement du niveau d’exposition). Cela se traduit, en particulier chez les garçons, par une diminution des indices évaluant le raisonnement perceptif, la mémoire de travail et la compréhension verbale. Par ailleurs, l’exposition postnatale était associée à un plus grand nombre de difficultés de comportements « externalisées », autant chez les garçons que chez les filles. 

Pendant les périodes de développement in utero ou au cours de l’enfance, l’exposition au pesticide est associée à une diminution des capacités intellectuelles et à une augmentation des difficultés comportementales, avec des effets parfois différents en nature et en intensité selon le sexe. 

« Cela est cohérent avec les propriétés œstrogéniques de ce pesticide et ses effets différentiels en fonction du sexe et de la période de développement du cerveau », précise Luc Multigner, directeur de recherche Inserm qui a participé à ces travaux.

« Si les effets neurologiques et neurocomportementaux constatés dans cette étude sont relativement modérés et subtils au niveau individuel, ils peuvent, compte tenu de l'exposition généralisée de la population antillaise au chlordécone, avoir un impact non négligeable au niveau de la population », conclut Luc Multigner.