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Publié le 10/01/2022 à 20:02

Séisme du 11 janvier 1839 : un désastre majeur en Martinique

Il y a 183 ans, le 11 janvier 1839, la Martinique subissait le tremblement de terre le plus violent et dramatique de son histoire.

 

Le séisme du 11 janvier 1839, survenu en mer, au sud-est de la Martinique, est le second événement sismique le plus puissant enregistré dans les petites Antilles. Le tremblement de terre, dont l’intensité a été estimée à 9 sur l'échelle macrosismique MSK, fût d’une extrême violence. 

D'une durée de 40 secondes à 1 minute, il aurait provoqué la mort de 300 à 4 000 personnes et fait près de 29 000 blessés. Un bilan humain incomplet, puisque les esclaves, considérés comme des biens meubles, n’étaient pas pris en compte dans le calcul des victimes. À cette époque, la Martinique comptait près de 117 000 habitants : 41 000 hommes libres et 76 000 esclaves.

 

Dans un compte rendu du Courrier de la Martinique, l’on raconte que le 11 janvier 1839 à 5h55 du matin, à Fort-Royal (Fort-de-France), « une sorte de rugissement vague et lointain, assez comparable pour l’oreille à l’effet d’une rafale sert de précurseur au fléau ». La force des secousses était « telle qu’un homme privé d’appui doit être inévitablement renversé. »

 

Fort-Royal, une ville détruite

En quelques secondes, la ville devient un champ de ruines où « les rues, les cours, les jardins ont disparu sous l’affaissement simultané des constructions. Des 800 maisons que compte la ville, 400 jonchent le sol, 200 sont partiellement écroulées, et ce qui reste debout menace incessamment de nouveaux malheurs : 50 à 60 à peine peuvent être habitées sans danger. Mais aucune n’a été épargnée, les maisons en maçonnerie s’étant écrasées sur leurs voisines en bois. Quant aux établissements publics, l’hôtel du Gouvernement, celui de Bellevue, l’hôpital, l’église, le Conseil colonial, la Cour royale, la caserne de gendarmerie, celle de l’artillerie, le magasin général, les deux prisons, tous ont partagé le sort commun. »

 

Selon le Bulletin colonial du 26 février 1839, « 700 cadavres appartenant à toutes les classes de la population étaient déjà, dans la journée du 11, déposés sur la Savane ».

 

« J’ai la triste mission d’avoir à vous annoncer la ruine entière de la ville de Fort-Royal » déclara le gouverneur de la Martinique au ministre de la Marine.

 

À Saint-Pierre, bien que les dégâts ne soient pas aussi considérables que ceux de Fort-Royal, “toutes les maisons en maçonnerie ont plus ou moins souffert et on y compte cinq victimes et plusieurs maisons abattues, particulièrement dans le quartier du Mouillage, depuis la rue de Lacy jusqu’à la place du marché. À mi-chemin, le bourg de Case Pilote est aussi impitoyablement maltraité que Fort-Royal et on y compte plusieurs blessés.”

 

À la campagne, des témoins racontent avoir vu « sauter la terre autour d’elles, comme si elle eût été jetée en l’air. »

Au Robert et au François, certains bâtiments “ont subi de graves dommages”, à Rivière-Salée et à Trinité, quelques maisons ont été renversées. Le Marigot, le Lamentin, Sainte-Marie et "La Grande Anse" figurent parmi les communes les plus éprouvées comparativement aux « extrémités est, nord et sud de l’île qui n’ont éprouvé que fort peu de dommages. »

 

Un séisme ressenti dans toute la Caraïbe

Si la Martinique fût l'île la plus touchée des Petites Antilles, le tremblement de terre a été ressenti jusqu'au Suriname à plus de 1100 km de l'épicentre. Suite à ce séisme, de faibles secousses, ont été comptabilisées presque quotidiennement à la Martinique entre le 11 et le 20 janvier 1839.