Santé
Par Marlène Meck
Publié le 30/01/2024 à 22:07

Santé : les CHU, dont celui de Martinique, interpellent Gabriel Attal

Les 32 centres hospitaliers universitaires (CHU) français, dont celui de Martinique, alertent le Premier Ministre sur la dégradation de leur situation financière. Leur déficit cumulé a triplé en un an pour atteindre 1,2 milliard d'euros fin 2023.

Dans un courrier adressé à Gabriel Attal, les 32 présidents des conseils de surveillance des CHU français tirent la sonnette d'alarme. Parmi les signatures, celle d'Yvon Paquit, Président du Conseil de surveillance du CHUM. D'une voix, ils dénoncent "la dégradation brutale et préoccupante" de la situation financière de leurs établissements.
Leur déficit cumulé a triplé entre fin 2022 et fin 2023, pour atteindre à présent 1,2 milliard d'euros. De fait, la capacité à investir est amputée de 86%. En cause, selon les élus signataires, l'inflation, un Ségur de la santé insuffisamment financé et les conséquences de la crise sanitaire. Des facteurs extérieurs à la gestion des CHU qui déstabilisent leurs budgets à un niveau sans précédent.
Une situation qui mènera, selon les présidents des conseils de surveillance des CHU à "un allongement des délais de paiement des fournisseurs et une fragilisation profonde, voire un arrêt de certaines opérations d'investissement, faute d'autofinancement dans un contexte où les taux d'intérêt ont augmenté".

Une motion a été adoptée par les conseils de surveillance afin d'alerter les pouvoirs publics. Les signataires de la lettre ouverte demandent qu'une délégation des CHUM composée de Directeurs généraux, Présidents de commissions médicales d'établissements et Doyens des UFR de médecine, soit reçue par le Premier Ministre afin d'exposer les propositions des CHU.


L'inflation impacte aussi les cliniques

Vendredi dernier, la Fédération hospitalière privée (FHP) était la première à interpeller Gabriel Attal. Les cliniques et hôpitaux privés sont elles aussi confrontées à une inflation galopante, qui n'est pas compensée par les tarifs alloués par l'État. Fin 2023, 40% de ces établissements sont déficitaires et selon les projections pour 2024 la moitié serait déficitaire si aucune compensation financière n'est prévue.

"Le Premier Ministre a dit sa volonté de mettre la santé en haut de la pile", rappelle le Président de la FHP, Lamine Gharbi avant de souligner : "Cela doit se traduire dès maintenant par la compensation de l'inflation, le rétablissement de l'équité entre les secteurs publics et privés, notamment sur le plan de l'attractivité pour les professionnels de santé, et bien sûr un ecampagne tarifaire protectrice du "trésor national", qui donne aux acteurs les moyens de répondre aux besoins des patients sur les territoires."

Lors de son discours de politique générale ce mardi, le Premier Ministre a insisté sur la nécessité de "réarmer notre système de santé". Si des annonces ont été faites en la matière, elles ne concernent pas directement les difficultés financières qui touchent l'hôpital public et privé.